Clarissa Pinkola-Estés
La femme sauvage
« Etre soi-même peut mettre la femme à l’écart des autres et se conformer aux désirs des autres peut l’éloigner de ce qu’elle est. La tension est terrible, mais il faut la supporter. Et il n’y a aucun doute sur le choix à faire. »
Depuis les années 90, les femmes découvrent dans le livre culte de Clarissa Pinkola-Estés « Femmes qui courent avec les loups » (Histoires et mythes de l’archétype de la femme sauvage, Grasset 1992), le miroir de leur inconscient, la révélation de la femme sauvage qu’elles abritent, ayant pour conséquence le déploiement de leur force intrinsèque.
En ouvrant le livre de Clarissa Pinkola-Estés, les femmes sont invitées à s’émanciper des moules réducteurs dans lesquels elles ont été trop longtemps enfermées. Quelle délivrance cela peut être pour elles de s’entendre dire ce qu’elles ont toujours su sans l’identifier clairement (pour la plupart), à savoir que chacune d’elle, - chacune de nous-, détient une force naturelle, instinctive, riche de dons créateurs et d’un savoir immémorial. En effet, le concept de « femme sauvage » que Clarissa Pinkola Estés a mis à jour est sans doute une restitution des plus novatrices de la psyché féminine de notre époque. La « femme sauvage » étant, la femme qui, en paix avec son animus (le masculin de la femme), aurait réussi à se libérer et à faire « jaillir » naturellement sa force immanente.
Psychologue clinicienne, Clarissa Pinkola Estés intervient auprès de femmes "cassées" par la vie, traversant des passages à vide, avec le sentiment d’être dépossédée de soi, anéantie et stérile par rapport à des périodes plus fécondes ; avec cette impression d’être désaffectée, que tout est perdu. Selon les aléas de son parcours de vie, on est devenue une outre vidée de son sang, de ses larmes, de ses émotions, en somme, de tout désir d’espérer.
Dans cette sorte d’aphasie du soi, quand tout semble irrémédiablement révolu, la voix de Clarissa Pinkola-Estés s’élève, pénètre, bouscule, remet en confiance permettant de découvrir sa force intérieure ainsi que ses capacités de se reconstruire : "les loups, même malades, même acculés, même seuls ou effrayés, vont de l’avant. […] Ils donneront toutes leurs forces pour se traîner si nécessaire d’un endroit à l’autre, jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un bon endroit pour guérir et pour revivre. La nature sauvage va de l’avant. Elle persévère. Ce n'est pas quelque chose que nous faisons, c'est quelque chose que nous sommes, de manière innée."(p. 269). Elle nous relie, nous les femmes, à l’archétype qui nous sous-tend, renouvelle l’éternité qui nous irrigue et nous vivifie : il faut « mémoire garder et continuer envers et contre tout. » (p.268).
Concept de la femme sauvage
La femme sauvage est une composante de la féminité, qui pour une femme ayant fait la paix avec sa part masculine, voit se déployer en elle, sa féminité. La femme sauvagepeut alors s'épanouir. C’est l’un des concepts de la théorie dite de la psychologie analytique.
« Chaque femme porte en elle une force naturelle riche de dons créateurs, de bons instincts et d’un savoir immémorial. Chaque femme a en elle la Femme Sauvage. Mais la Femme Sauvage, comme la nature sauvage, est victime de la civilisation. La société, la culture la traquent, la capturent, la musellent, afin qu’elle entre dans le moule réducteur des rôles qui lui sont assignés et ne puisse entendre la voix généreuse issue de son âme profonde. (…)
« Pourtant, si éloignés que nous soyons de la Femme Sauvage, - notre nature instinctuelle-, nous sentons sa présence. Nous la rencontrons dans nos rêves, dans notre psyché. Nous entendons son appel. C’est à nous d’y répondre, de retourner vers elle dont nous avons, au fond de nous-mêmes, tant envie et tant besoin. […] La femme qui récupère sa nature sauvage est comme les loups. Elle court, danse, hurle avec eux. Elle est débordante de vitalité, de créativité, bien dans son corps, vibrante d’âme, donneuse de vie. Il ne tient qu’à nous d’être cette femme-là. » (Femmes qui courent avec les loups.)
Clarissa Pinkola Estés ouvre la voie pour chaque femme, pour se découvrir et découvrir une voie en elle qui propose finalement un dépassement à l'alternative de Jung sur l'animus (« ... l'animus est aussi un être créateur, une matrice, non pas dans le sens de la créativité masculine, mais dans le sens qu'il crée quelque chose que l'on pourrait appeler un logos spermatikos - un verbe fécondant. De même que l'homme laisse sourdre son œuvre, telle une créature dans sa totalité, à partir de son monde intérieur féminin, de même le monde intérieur masculin de la femme apporte des germes créateurs qui sont en état de faire fructifier le côté féminin de l'homme. C'est là l'origine de la « femme inspiratrice » qui, si elle est mal formée, recèle aussi en elle la possibilité de devenir la pire des viragos ... »)
Une invitation à se découvrir
Clarissa Pinkola Estés invite à la découverte de cette partie de l'être féminin propre à chaque femme. Il ne s’agit pas d’une connaissance intellectuelle de plus sur l'existence d'un concept ou des termes « femme sauvage ». C’est s’engager dans un cheminement de conscientisation afin de ressentir cette force intérieure et cet état d'être, que toute femme peut éprouver après un long et difficile parcours.
Ce parcours et ses processus, a priori, ne concernent pas les femmes sous emprise d'un archétype puissant et restées « bloquées » à un stade de maturité psychoaffectif antérieur, souvent à cause d'« un choc », d'une personne « méchante » ou « destructrice » ou d'une enfance malheureuse.
Cependant, ces femmes peuvent y être aidées, lors d'une psychothérapie avec un psychothérapeute compétent, (ayant lui-même pu vivre une telle expérience), par une approche issue de la psychologie analytique. Car dit-elle « les loups, même malades, même acculés, même seuls ou effrayés, vont de l’avant. […] Ils donneront toutes leurs forces pour se traîner si nécessaire d’un endroit à l’autre, jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un bon endroit pour guérir et pour revivre. La nature sauvage va de l’avant. Elle persévère. »
Il s'agit pour la femme de comprendre la puissance des archétypes (des figures masculines) sur elle. Les figures masculines de la catégorie de l’animus jouent le même rôle chez la femme que l'anima sur l'homme. C’est pourquoi on la nomme la part masculine de la femme.
Le processus d’individuation et l’acceptation de cet état de fait, conduit à un aboutissement de réalisation de soi par ce processus.
(Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Clarissa_Pinkola_Est%C3%A9s)
(Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Femme_sauvage)
Biographie
Clarissa Pinkola-Estés est née en 1945 au Mexique. Elle grandit aux USA, dans sa famille adoptive, d'origine hongroise. Titulaire d’un doctorat en études multiculturelles et en psychologie clinique, elle a dirigé le centre C. Jung de Denver et est à l'origine de la création du concept de « femme sauvage », un des archétypes féminins. Sur le plan du féminisme, elle se situe dans un courant de conscientisation et de guérison, plutôt que de revendication.
Conteuse, poétesse et psychanalyste jungienne, ses écrits, en psychologie s'intéressent aux problématiques féminines, et mettent en évidence le processus d'individuation et de connaissance de soi nécessaire à l'autonomisation et au développement de toute femme.
Elle est connue pour sa pratique clinique sur les situations post-traumatiques (comme après la fusillade au Lycée Columbine, Colorado ou après les attentas du 11 septembre 2001 à New York.)
Clarissa Pinkola Estés, également peintre, s’intéresse vivement à l’œuvre de l’artiste peintre Lee Lawson. Une artiste qui traduit avec un esprit de visionnaire le monde où l’impossible s’accomplit, où corps et esprits s’entremêlent de façon à s’influencer fortement réciproquement ; un monde qui nous est tellement étranger et imperceptible que seule l’intelligence du cœur en fournira la clé.
Clarissa Pinkola Estés écrit sur le site de Lee Lawson une présentation éloquente
« Les dons de Lee Lawson en tant qu'artiste sont évidents et pas seulement dans sa superbe compétences techniques, ou dans la palette éthérée qu'elle crée pour son travail. D'autant plus que ses dons proviennent d'une capacité qui est plus ancienne que le temps : la capacité d'envisager, (au sens de visionnaire, ndlt).
Elle dispose d'une mémoire claire des choses qui dansent, dissimulent, se comportent mal, rêvent, dorment, apparaissent et disparaissent dans la psyché humaine.
Dans les mythes et les rêves, l'inconscient à la fois collectif et personnel, est souvent symboliquement représenté comme un grand corps aquatique. Le travail de Lee Lawson reflète clairement les océans qui surgissent et se développent en dessous de notre conscience mondaine.
Elle est autant une transformatrice qu’une artiste ; un être humain à un certain moment et à un autre, une créature de la mer. Seule une personne qui navigue dans la vie intérieure sur une base régulière peut préserver à l’infini de telles images évocatrices sur la toile.
Son travail, perçu au mieux comme une façon de voir à la fois de l’extérieur et de l’intérieur, témoigne du fait qu'elle est une artiste rare particulièrement habile à ramener à la surface, et à la première personne, les mystérieux quoiqu’évidents crédits du monde imaginal profond. »
Texte original : « On the Art of Lee Lawson, by Clarissa Pinkola Estés »
« Lee Lawson's gifts as an artist are evident not only in her superb technicalskills, nor only in the ethereal palette she creates for her work. Even more soher gifts derive from an ability that is older than time... the ability to envision.
She has clear memory of things that dance, hide, misbehave, dream, sleep, appear and disappear in the human psyche. >
In myths and dreams, the unconscious__ both collective and personal__ is often symbolically portrayed as a great body of water. Lee Lawson's work clearly reflects those oceans that surge and thrive beneath our mundane consciousness.
She is as much a shapechanger as she is an artist; a human being one moment, a sea creature the next.
Only a person who navigates the interior life on a regular basis can consistently bring such spare but evocative images to canvas.
Her work, most richly viewed as both outer and inner seeing, testifies to the fact that she is a rare artist especially skilled in bringing to the surface mysterious yet clearly stated first person accounts of the deep imaginal world. » CPE
Bibliographie.
Le Don de l'histoire, Ballantine, 1993
Femmes qui courent avec les loups, Grasset, 1996, 763 p.
Le Jardinier de l'Eden, Harper 1996
La Danse des grands-mères, Grasset, 2007
La Psychanalyse jungienne, Bernet-Danilot, Coll. Essentialis, avril 2002
Untie the Strong Woman: Blessed Mother's Immaculate Love for the Wild Soul (Sounds True, November 2011)
• C.G. Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient, Gallimard, coll. Idées, 1973, p. 187-188.
Site officiel : http://www.clarissapinkolaestes.com/
Extrait de "La danse des grands mères", de Clarissa Pinkola estés
Musique : Earth and home, de l'album "Celtic Spirit"
Un article posté par Clarissa Pinkola Estés sur une femme agent de police chinoise qui donne le sein à des bébés orphelins et ainsi le sauve.